Passé, présent et futur de la recherche

Passé, présent et futur de la recherche

Plus d’un siècle après leur découverte, les peintures et gravures de La Roca dels Moros ne cessent de fasciner et sont une référence pour quiconque étudiant l’art préhistorique. Nous traçons une ligne à partir de leur découverte, en passant par les moments clés de la recherche qui ont construit les connaissances sur ces représentations millénaires.

Ceferí Rocafort et un enfant à La Roca dels Moros en 1908
© Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya
Auteur: Juli Soler

Vue panoramique de la pierre d’E Cogul, 1909
© Institut d’Estudis Catalans (Barcelona) Anuari MCMVIII

En 1908, Ramon Huguet, recteur d’El Cogul, notifie l’existence de peintures rupestres curieuses pour les inclure dans la Geografia General de Catalunya, dirigée par Francesc Carreras Candi. Le fait que la toponymie de La Roca inclut le terme « dels Moros » (des Maures) indique que la population locale connaissait déjà les peintures et les situait à une époque lointaine.

Francesc Carreras Candi envoie les excursionnistes et géographes Ceferí Rocafort et Juli Soler corroborer l’information.

La père Ramon Huguet et Ceferí Rocafort aux Tombes del Saladar, 1908
© Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya
Auteur: Juli Soler

Entrée de La Roca dels Moros, 1908
© Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya
Auteur: Lluís Vidal

Cette première visite donne lieu à la première reproduction du mural et à la publication de la nouvelle de la découverte dans le Butlletí del Centre Excursionista de Catalunya et le journal La Veu de Catalunya.

Publication des peintures rupestres dans Butlletí del Centre Excursionista de Catalunya en mars 1908

Publication des peintures rupestres dans La Veu de Catalunya le 10 avril 1908

Le type de représentation visuelle des peintures découvertes était pratiquement inconnu jusqu’alors.

L’évolution de la recherche à La Roca dels Moros, avec les travaux des chercheurs qui l’étudient, apparaît dans ces reproductions, dénommées calques.

Premier calque, publié dans Butlletí del Centre Excursionista de Catalunya en mars 1908.
Auteurs: Juli Soler i Ceferí Rocafort

Henri Breuil, historien de la Préhistoire, se déplace aussi à El Cogul à l’été 1908 et commence ses recherches. Il situe le mural au Paléolithique supérieur et, dans le calque qu’il présente, élaboré par Luís Izquierdo, il transforme la figure détériorée d’un quadrupède en un buffle du Pléistocène, là où nous voyons actuellement un sanglier.

L’auteur signale d’autres nouveautés, par exemple l’existence de détails gravés, et considère que la scène du groupe de femmes peut représenter une « danse phallique ».

calc roca dels moros

Calque d’Henri Breuil, élaboré par Luís Izquierdo et publié dans Butlletí del Centre Excursionista de Lleyda en 1908
© Museu d’Arqueologia de Catalunya

Ceferí Rocafort et Juli Soler mènent à bien avec Lluís Vidal une recherche parrainée par l’Institut d’Estudis Catalans et le Centre excursionniste de Catalogne ; ils documentent alors jusqu’à 33 figures. À l’inverse de ce que proposait H. Breuil, ils considèrent que le mural correspond probablement au Néolithique.

La discussion qui venait de commencer sur la datation du mural est encore d’actualité de nos jours.

Deuxième calque de Juli Soler et Ceferí Rocafort, publié par l’Institut d’études catalanes et inclus dans la Geografia General de Catalunya
© Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya (ICGC)
Domaine public

Quelques années plus tard, le mural est mis en rapport avec d’autres ensembles découverts dans les chaînes du prélittoral méditerranéen de la péninsule. En 1915, Joan Cabré relie la similitude des ornements de la figure humaine à des personnages observés à Alpera et à El Charco del Agua Amarga.

Cet auteur étudie en détail les colorations et tons des figures féminines et suit l’hypothèse de Breuil, reliant alors les peintures à la fin du Paléolithique supérieur.

Calque élaboré par Juan Cabré et publié dans son étude El arte rupestre en España en 1915
Biblioteca Virtual del Consell Superior d’Investigacions Científiques (CSIC)

Plus tard, en 1952, Martín Almagrofa effectue une synthèse et révision de toutes les études réalisées jusqu’alors. Il identifie au total 45 figures peintes et plusieurs gravures.

Il s’agit de la première copie incorporant les inscriptions ibères et romaines. L’attribution chronologique proposée par cet auteur s’inscrit dans le Mésolithique.

calc roca dels moros

Calque de Martín Almagro Basch publié dans El Covacho con pinturas rupestres de Cogul (Lerida) en 1952.
Instituto de Estudios Ilerdenses

En 1985, la documentation des peintures rupestres est réalisée par les spécialistes Ramón Viñas, Anna Alonso et Elisa Sarriá au sein du Programme corpus de peintures rupestres de Catalogne du Service d’archéologie du Département de Culture.

Cette documentation inclut un nouveau calque qui enregistre 42 représentations peintes et des fragments de nouvelles figures et plusieurs détails, qui n’avaient pas été observés dans d’autres travaux, sont apportés. En outre, les superpositions sont identifiées, exemple de la complexité de la réalisation du mural.

Calque de Ramón Viñas, Elisa Sarriá et Anna Alonso réalisé en 1985

En 2019, l’ACdPC a promu une action de nettoyage du rocher. Les travaux, dirigés par d’Eudald Guillamet et Laura Ballester, ont consisté à nettoyer les sels solubles d’origine anthropique et ont permis d’améliorer la visibilité de l’ensemble des peintures rupestres.

En 2019, l’Agence catalane du patrimoine culturel confie un nouveau travail de documentation de La Roca dels Moros aux archéologues Albert Rubio et Ramon Viñas et une nouvelle copie du mural est exécutée, la plus récente.

Calque réalisé par Albert Rubio et Ramon Viñas entre 2019 et 2020

Au cours de cette campagne, la photographie numérique est employée pour la première fois comme méthode de recherche sur le mural ; l’utilisation du logiciel spécialisé DStretch, qui identifie les pictographies faibles peu visibles, permet de découvrir de nouvelles figures inconnues jusqu’alors et des nouveautés de type formel et technique. Ces nouvelles trouvailles permettent une meilleure analyse de tout l’ensemble du contenu du mural.

Photographie numérique originale, 2019
© Agència Catalana del Patrimoni Cultural
Auteurs: Albert Rubio et Ramon Viñas

Photographie numérique traitée avec le progiciel DStretch, 2019
© Agència Catalana del Patrimoni Cultural
Autors Albert Rubio et Ramon Viñas

Actuellement, l’utilisation de nouvelles technologies comme la photogrammétrie, le scanner 3D et le logiciel d’analyse et traitement d’images apporte une nouvelle dimension au mural, aussi bien dans le domaine de la recherche que de la diffusion.

Le modelage 3D, un outil pour la conservation, la recherche et la diffusion du gisement
© Agència Catalana del Patrimoni Cultural